Au Sujet du Tai Chi Chuan…
Le Tai Chi Chuan aujourd'hui
Beaucoup de personnes pratiquent le Tai Chi Chuan comme un art de santé sans comprendre ou en rejetant son historique martial.
Il est nécessaire d'admettre que la raison d'être du tai Chi Chuan était avant tout de blesser l'adversaire d'une façon efficace et scientifique.
Cependant, nous vivons dans une ère moins violente et le choix fut fait d'une pratique accessible à tous et donc moins martiale.
Comment apprécier aujourd'hui cette précieuse transmission culturelle ?
S
i vous pratiquez le Tai Chi Chuan uniquement pour améliorer votre santé, et que vous rejetez l'art martial,
alors vous allez vous occuper et vous distraire pendant quelques années (dans le meilleur des cas),
néanmoins vous ne pourrez pas développer le potentiel relié au Tai Chi Chuan.
Même si l'on reconnait l'option qu'a prise Yang Chen-Fu de simplifier et d'adapter sa forme pour la propager comme une pratique relaxante et bonne pour la santé,
le Tai Chi Chuan n'est pas une danse ou une simple gymnastique.
Aujourd'hui à la mode, cette jolie gestuelle représente un certain courant « New Age », qui nous fait croire qu'on est sur la bonne voie,
cependant pratiquer dans cet état d'esprit ne mène nul part et fait même perdre beaucoup de temps. Il serait plus profitable à beaucoup de marcher d'un bon pas
dans la nature ou d'aller danser (ce n'est aucunement un cynisme mal placé) !
En revanche, si l'on veut se donner la chance que propose la pratique du tai Chi et que l'on a malgré tout du mal à admettre l'idée du combat,
alors demandons-nous qui est l'ennemi !
Si on écarte d’emblée l'idée du méchant adversaire, car alors le Tai Chi Chuan n'est pas le meilleur choix pour apprendre à se défendre,
les agresseurs potentiels restent le manque d'équilibre, de coordination, une respiration superficielle, le manque d'ancrage, de reliance et de centrage,
une mauvaise posture ou bien l'agressivité ambiante de notre monde troublé…
Tout cela génère de la fatigue, du stress…, tentions qui s'alimentent les unes les autres, se sédimentent dans les articulations et les organes,
provoquant des terrains inflammatoires et dégradant l'ensemble de la santé.
fort à l'intérieur et souple à l'extérieure, équilibré, on est mieux à même de surmonter les épreuves et les embuches qui jalonneront notre vie.
Comprendre l'application martiale du mouvement permet de bien positionner les bras, les jambes, la taille.
On rééduque sa posture et sa respiration pour remettre le corps en circulation et accéder à un nouvel état de bien être
car tous les arts martiaux chinois ont été conçus pour augmenter la longévité et non l’écourter.
Ainsi, visualiser l'adversaire fixe notre attention et ajuste notre comportement.
La lenteur, la respiration profonde, la visualisation avec sang froid de l'adversaire permet de cultiver le calme.
On est alors plus à même de réagir de manière appropriée et mesurée dans la plus grande partie des situations de la vie quotidienne.
Si vous comprenez et pratiquez cela, même si vous ne recherchez qu'une bonne santé, votre Tai Chi sera profond et rempli d'énergie. Alors seulement,
dans cette compréhension détendue, le corps et l'esprit pourront se réconcilier et la santé s'améliorer.
Amélioration de la santé
La pratique du tai Chi Chuan :
- Relaxe, réduit le stress, améliore la circulation sanguine, la tension artérielle, et l'efficacité du système immunitaire ;
- Renforce les fonctions des organes, la tonicités des muscles, des tendons, des ligaments et des os ;
- Régénérante, elle améliore le repos ;
- Diminue l’arthrite (beaucoup de gens, après une pratique régulière se sont aperçus que la douleur avait complètement disparu) ;
- Prévient ou améliore les maladies chroniques (cœur, l'hypertension et le diabète…) ;
- Améliore l'équilibre et la coordination des mouvements ainsi que la concentration et la mémoire ;
- Forge le tempérament, la clarté mentale, le contrôle de soi, la longévité et la croissance spirituelle…
Pratiquez sans sauter un seul jour.
Ensuite, après plusieurs années d'expérience équilibrante, la compréhension, les subtilités se dévoileront, et les bénéfices seront là, bien installés.
Car Seule la pratique QUOTIDIENNE permet d'atteindre les hauts sommets.
Même si vos objectifs sont moins ambitieux et si vous ne projetez pas d'atteindre les sommets (du Tai Chi Chuan ou ceux de votre propre vie ?),
chaque professeur ne pourra que vous conseiller de pratiquer votre Tai Chi tous les jours.
Vous arrêtez-vous de respirer ? Non, car vous êtes vivant !
Et bien, la pratique du Tai Chi Chuan et du Chi Kong réinstalle les principes de vie en vous : la respiration, l'équilibre, la détente,
la coordination, la patience et l'indulgence, la détermination, l'intensité et la concentration… tous ces potentiels redimensionnent votre vie, vos projets,
vos objectifs et même le but essentiel de votre existence…
…Peut-être qu'après une pratique de quelques années, vous surprendrez-vous à vouloir atteindre les sommets de votre réalisation personnelle ?
Les grands Maîtres nous ont montré la voie, à nous de nous en inspirer…
En fait, mathématiquement parlant, il n'est pas difficile d'installer ¼ d'heure, même 30 minutes de pratique par jour ;
c'est simplement qu'au début, cela ne fait pas partie de notre schéma de vie…
Alors on se laisse distraire par la télévision ou par Internet, on se laisse rattraper par la passivité, corrompre par la médiocrité de la non-vie.
De nouveau, on laisse nos préoccupations occuper le devant de la scène, notre activité professionnelle remplir notre vie et notre course au confort matériel
grignoter notre avenir.
C'est pourquoi c'est souvent après un état d'alerte qu'on arrive au Tai Chi Chuan et au Chi Kong. Un accident, une maladie, une rupture sentimentale ou familiale,
un signal d'alarme quelconque nous fait démarrer l'activité et on est ravi de constater à quel point les résultats positifs ne se font pas attendre.
C'est ce moment-là qui est critique. N'attendez pas pour installer le rituel de pratique. Dix minutes au moins le matin avant le petit-déjeuner ou le soir
avant le coucher… A chacun sa préférence, à moins que ce ne soit les deux.
Quand on est bien dans son corps et dans sa tête, tout va mieux, on prend les bonnes décisions, on fréquente les bonnes personnes,
on attire les situations positives qui nous font avancer… Notre réalisation personnelle s'installe.
Le Chi Kong et les arts tels que le Tai Chi Chuan sont avant tout une prévention et c'est en amont qu'ils sont le plus efficace
car la maladie ou les problèmes ne sont pas vraiment installés. C'est dommage d'attendre que les situations agressives soient à votre porte
car alors il faut travailler plus longtemps et plus en profondeur !
Même s'il n'est jamais trop tard pour améliorer l'avenir, on peut éviter qu'il soit trop désastreux en prenant sa santé en main dès maintenant,
aujourd'hui et chaque jour.
Nous ne nous posons pas la question de savoir si nous allons manger aujourd'hui… Nous nous demandons de quoi sera fait notre repas.
De même, ne nous demandons pas si nous allons pratiquer mais quel va être le meilleur moment à consacrer au Tai Chi et/ou au Chi Kong.
La coordination et la montée du Chi
Dans un premier temps, on apprend le déplacement, la marche Tai Chi.
On avance tout droit. Ce faisant, on comprend l'équilibre des forces lors des transferts de poids, l'importance de la distance entre les deux pieds (une largeur de bassin).
Sans ajouter de poids sur les hanches, la marche est souple et gracieuse, elle respire, tout le corps est détendu car il a retrouvé son axe,
celui qui le relie aux circulations célestes et telluriques.
Bien à l'aise en marche avant, on peut aller à reculons (posture du Chat), faire demi-tour ou un tour complet.
Une fois qu'on est bien installé sur ses appuis, c'est l'étape suivante, descendre sur sa jambe d'appui pour agrandir le pas : on dit « Appeler le Chi ».
Allonger le pas et les postures renforce les jambes et augmente l'intensité du Chi. De plus, si votre posture est trop petite,
vous ne pourrez pas tourner suffisamment votre taille et vos déplacements seront malaisés.
« Marcher Tai Chi » est un exercice que l'on pratique tout le long de sa formation, jamais on ne le relègue dans la catégorie des acquisitions définitives.
Toujours on se perfectionne, on raffine, on affermit ses positions et ses équilibres, on intensifie son Chi, son énergie, afin d'augmenter sa puissance et, par extension,
son pouvoir personnel.
Quand on commence à ressentir une certaine aisance, on ajoute les mouvements du haut du corps.
On commence par une parade simple, c'est le bras de la jambe avancée qui travaille. Un des fondamentaux du Tai Chi est de comprendre
qu'à aucun moment le haut du corps ne travaille seul, c'est-à-dire dissocié des jambes (c'est un défaut très répandu et c'est le signe
que le Tai Chi n'est pas compris. Continuer de pratiquer ainsi n'a pas beaucoup de sens et d'ailleurs le désir de pratiquer s'émousse vite).
Ce sont les jambes et surtout le pied arrière qui donnent l'impulsion. La poussée du talon arrière est conduite à travers les jambes vers le bassin
pour finir dans les mains ; les bras bougent à peine et la posture finale s'ajuste à mesure avec la montée du Chi.
Le corps est parfaitement détendu, le Chi suit le souffle, c'est-à-dire la respiration qui est profonde et rythmée.
Bien au clair avec ces fondamentaux, on assimile progressivement des différentes techniques qui déroulent la forme
(des 108 mouvements par exemple dans le Tai Chi Yang).
En visualisant l'adversaire, on approfondit les techniques,
on s'attarde sur chacune d'elles jusqu'à les apprivoiser parfaitement au point que l'on puisse les pratiquer aussi bien dans un sens que dans l'autre,
faire demi-tour et les enchaîner correctement.
Le but étant d'enchaîner parfaitement la forme, sans plus se questionner sur le mouvement suivant…, d'intégrer la largeur du bassin dans son schéma corporel,
tandis que le corps et le souffle évoluent dans une même coordination…
La lenteur, bourgeon de la vitesse…
La lenteur permet d'obtenir la décontraction et la souplesse ainsi que la coordination et l'équilibre.
Mais il ne faut pas confondre souplesse et décontraction avec mollesse. En effet, « comment espérer frapper l’adversaire en étant mou comme du tofu » ?
Il faut cultiver l'état d'être idéal, détendu et souple mais ferme et déterminé.
Ces qualités de pratiques sont primordiales et font la base d'un bon pratiquant car comme l'eau parvient à éroder la plus haute et la plus dure des montagnes,
la souplesse surpasse la dureté.
Mais la progression ne s’arrête pas là. Le Tai Chi ne se résume pas à un art lent et souple.
Dans le niveau suivant, on pratique en montant les genoux à la poitrine. Ce travail assouplit les hanches et fortifie les jambes et la constitution en général.
Ensuite et progressivement, on travaille presque accroupi ce qui prolonge le travail des hanches et d'affermissement du Chi.
L'étape suivante consiste à déclencher l'explosion de la force ou Fa Jing (Fa veut dire décharge et Jing force).
Seule la relaxation physique et mentale peut permettre d’émettre le Fa Jing.
Dans un dernier temps, on pratique le Tai Chi Chuan vitesse combat.
Tai Chi Chuan : les fondamentaux
- La bouche doit être fermée mais ne serrez pas les dents ; la langue touche le palais.
- Les pensées et les émotions sont apaisées, dès lors le corps sera disponible, agile et alerte.
Pour cela, avant de commencer la forme, il est bon de prévoir cinq ou dix minutes d'exercices préalables ;
il est conseillé de pratiquer la respiration de la Grue ou autre Chi Kong (voir Complet Chi Kong, tome 1 et 2 des mêmes auteurs).
Ainsi, si l'énergie circule dans tout le corps, il y aura continuité.
- Comme notre schéma corporel nous l'indique, pour être en équilibre quelle que soit la posture,
nous devons veiller à toujours disposer de la largeur de notre bassin entre les deux pieds ;
même en flèche, les pieds sont écartés horizontalement de cette précieuse largeur de bassin.
Le pied avant est orienté légèrement vers l'intérieur, et le pieds arrière, talon bien au sol, est lui aussi dirigé vers l’avant
(pas à angle droit sinon la hanche et le genou sont bloqués).
- Le corps, la colonne se placent dans l'axe vertical, ainsi on reste équilibré et stable.
- Les bras sont légèrement arrondis et les coudes évoluent sur un axe intérieur.
- Dans le premier apprentissage, le regard se porte sur les mains afin de concentrer l'attention
car là où va le regard va le souffle et là où va le souffle va le Chi (l'énergie).
Néanmoins, par la suite, il conviendra de se concentrer sur l'application en visualisant un adversaire imaginaire.
- Au début de l'apprentissage, les doigts sont collés, la main en creux ; ainsi le Chi emplit les mains, va jusqu'au bout des doigts et même au-delà.
Cela éduque la sensation de Chi dans les mains, renforce les doigts pour éviter les problèmes de doigts retournés (ou autres blessures)
dans le travail d'application avec partenaire.
Dans une deuxième étape, à un niveau supérieur, les doigts sont solidaires sans être collés, la paume est décontracté afin que l'énergie se propage.
- On ne porte jamais de poids sur les genoux afin de ne pas blesser cette articulation qui n'est pas faite pour supporter un poids vers l'avant.
En posture flèche, cela signifie que le genou avant (celui qui est fléchi) ne dépasse jamais la pointe du pieds.
Dans cette posture, la jambe est perpendiculaire au sol et, dans l'idéal, perpendiculaire à la cuisse.
Cette règle s'applique également au déplacement, c'est-à-dire qu'en avançant d'un pas, les genoux avant et arrière ne doivent aucunement dépasser de la pointe du pied ;
de même pour les postures arrières comme celle du chat.
- Les coups de pieds doivent être élastiques et non durs.
Quelques mots clef de la suite du livre…
Musique intérieure ; art en mouvement ; souplesse et fluidité ; amplitude respiratoire ; plénitude de Chi ; coordination ;
esprit calme et précis élevé pendant la pratique ; ancré, relié et centré, une découverte qui nous fait progresser, qui nous affermit en nous-même ;
perfection préalable ; pratiquant accompli ; transformation de l'esprit ; au contact de l'autre ; Tui Shu ou mains collantes ;
beau et long chemin où l'on part à la découverte de soi ; se déconditionner ; réconciliation des forces ; se prolonger soi-même ;
autant de défis à relever pour progresser ; chemin infini mais passionnant d'approcher à chaque fois plus de son plein potentiel ;
"combat en collaboration" ; calme et toujours en alerte ; quand l'adversaire devient partenaire ; Grand Accomplissement ;
à ce degré de perfection, il n'y a plus d'agresseur ; Le Yin et le Yang ne font plus qu'un, circulant ensemble en harmonie. Plus d'agresseur,
il n'y a que questions et réponses appropriées afin que l'harmonie demeure. En effet, jamais on ne lutte force contre force.
Dans ce jeu subtil, il faut toujours rester souple et tranquille, en pleine possession de soi.
Voilà pourquoi il faut un long travail pour cultiver cette présence et la coordination qui permettent cette efficacité.
En effet, en recherchant l'immobilité dans le mouvement, la pratique du Tai Chi Chuan permet d'atteindre une belle spiritualité,
le véritable trésor étant sa réalisation personnelle.
Comme le Yin n'existe pas sans le Yang, la pensée est reliée aux actes.
La pratique du Tai Chi Chuan et du Chi Kong est un accomplissement physique qui raffine la pensée et repositionne notre vie dans un courant plus naturel et constructif.
Ainsi recentré, nous retrouvons le chemin qui mène à note légende personnelle.
Je vous souhaite de vous réaliser,