J’ai toujours été en Lutte…
Depuis le tout début de ma vie, si j’en remonte le temps, j’observe que j’ai toujours été en lutte…
Lutte d’abord contre l‘adversité incarnée, lutte contre les épreuves qui détruisent l’intégrité et la grâce que l’on goûte à la naissance.
Ensuite, il y a la lutte contre les ravages du combat ; la bataille a ruiné l’être et la seule semence survivante est le désespoir.
A mon insu, s’installait alors la lutte contre le sournois appel de la seule mort qui délivre enfin des vautours.
Là, lasse de la vie et de ses tourments, n'attendant plus rien que la fin.
Et, sans y accorder aucune importance, j’aperçois ça et là quelques brins d’herbe qui repoussent.
Alors et puisque c’est la seule manière de vivre que je connaisse, je vais lutter contre le champ de ruines.
Progressivement, je vais gagner quelques petites batailles mais qui vont tout de même changer le paysage. Je perdrai encore souvent mais quelques-fois, je gagnerai du terrain.
Aujourd’hui, si je regarde autour de moi, je contemple un joli petit jardin ; les oiseaux y chantent clair et haut,
les grenouilles bercent mes nuits embaumées de tilleul et de chèvrefeuille. Mes amis les bambous, les rosiers, les œillets, les bégonias, les roses trémières
(« pardonnez-moi ceux que j’oublie »), la rivière toute proche, les hirondelles dans le ciel, le bois qui brûle dans la cheminée
sont autant de cloches qui parrainent et célèbrent la plus belle des fleur : la paix de mon être.
Aujourd’hui, si je remonte le temps, j’observe que j’ai toujours été en lutte…
J’ai encore plein de graines d’espoir à semer, plein de jeunes plants à transplanter, de projets à mettre en œuvre. Continuerai-je à lutter,
à disperser mes forces dans l’inconscience ?
Dans ces petits brins d’herbe qui ont reverdi le champ de bataille, j’ai rencontré le Tao et le Tao enseigne le contraire de la lutte.
Je sais maintenant que j’avais besoin de connaître la lutte et de me confronter à elle ; elle a été une étape pour moi nécessaire
afin de pouvoir inventer une nouvelle façon d’être et de concevoir.
Aujourd’hui, je ne remonte plus le temps, je le savoure.
Je jouis de chaque instant, je me réjouis si j’ai un regard ou une parole à planter ou simplement le ciel à regarder, le silence à écouter.
Je n’ai plus de bataille à gagner car je suis en dehors du gain et de la perte, je suis profondément en moi-même, à ma place,
au seul endroit où je puisse être et où l’on puisse me trouver.
Je souhaite que chacun trouve dans sa vie des petits brins d'herbe qui leur enseignent qu'à se laisser guider par le courant de la vie,
on découvre des chemins inespérés de bonheur et de réalisation…
Il faut juste parfois être un peu patient.
Qu'il en soit ainsi,